mardi 30 décembre 2014

Pêche du congre et autres prédateurs des épaves au large du Bassin d’Arcachon


Le congre n’est pas un des poissons que nous recherchons prioritairement lors de nos sorties. Mais, sur une épave, ou des barres de roches profondes, il pourrait être intéressant de s’y risquer. De belles surprises pourraient venir égayer notre pêche. C’est le guide de pêche du bassin d’Arcachon, Jérémy Dupin qui nous explique deux techniques pour traquer les beaux congres dans leur tanière.


Ou les chercher ?

Les épaves au large sont des endroits magiques pour la pêche. La prospection afin de trouver des épaves peu connue est parfois longue, voir très longue, mais c’est ce qui rend intéressant cette pêche. Une bonne prospection est primordiale afin de réussir, et elle commence souvent à la maison, sur carte et ordinateur. Il faut chercher les épaves référencées sur les cartes papiers du SHOM, ensuite, chercher à les recouper avec des informations récupérées sur les quais du port, recherches sur internet, discussions sur les forums de pêches et réseaux sociaux, etc. Une fois ces informations récoltées et recoupées, vous les entrez dans votre logiciel de cartographie de votre ordinateur pour pouvoir les transférer sur la carte SD, qui s'insérera dans votre échosondeur par la suite. Si toutefois vous êtes équipé de ce matériel. Et pour la pêche sur certaines épaves, il vaut mieux avoir une centrale de pêche avec le GPS intégré et pouvant recevoir deux cartes SD, une fente pour la cartographie et une autre pour votre carte contenant vos données de waypoint, routes, etc.
La prospection commence, 2 jours au large, les yeux fixés sur son sondeur à rechercher un point et toujours rien, quand soudain, une forme se dessine… bingo ! Voila l’épave !! Le travail peut commencer…

Une épave du large
Le nombre d’espèces présentes sur ces « spots » est conséquent, et toutes, ou presque, peuvent être pêchées de différentes manières et procurent de belles sensations. Il est donc important de pêcher raisonnablement ces lieux en prélevant seulement quelques poissons.
Lieus jaunes, congres, saint pierre, julienne, bars, maigres… toutes ces espèces peuvent être pêchées sur ces épaves profondes… et certaines techniques permettent de cibler plus ou moins l’espèce que l’on veut.

Dans cet article nous parlerons du congre dans une première partie, puis, des autres espèces que l’on peut rencontrer selon la technique utilisée.

Le congre :
congre arrivant au bateau
Le congre est un poisson anguilliforme qui figure parmi les plus gros poissons côtiers que l'on puisse pêcher à la canne. Les plus gros spécimens peuvent atteindre jusqu'à 3 mètres et peser plus de 50 kilos. On rencontre cette espèce de 0 à 1000 mètres de profondeur. Il habite des digues aux épaves du large. C’est un prédateur essentiellement nocturne mais sa pêche se réalise aussi bien de jour que de nuit sur les épaves profondes. Il chasse tous types de proies et affectionne particulièrement les céphalopodes et les poissons gras : sardines, maquereaux, seiches, calamars seront donc des appâts de choix pour sa pêche et les leurres, tels que les inchikus, seront très efficaces. Egalement vorace charognard, il peut engamer des proies mortes depuis longtemps.

Matériel
Pour la pêche de ce poisson nous allons chercher du matériel fiable, et surtout, du costaud. On ne lésinera pas sur la puissance des cannes. Une canne d’environ 2.10m à 2.40m et d’une puissance jusqu’à 250 gr sera parfaite. Une action parabolique vous permettra de pêcher aussi bien avec des gros leurres souples qu’avec des appâts naturels, tels que les vifs ou poissons morts.
Pour le moulinet, pas besoin d’avoir forcément un moulinet haut de gamme. Il suffit qu’il soit assez puissant pour contrer un poisson qui ne sera obnubilé que par un retour en force dans son trou ou sa cache. 
Canne Ioda Jigging, parfaite pour le congre

Pour cela, je privilégie des moulinets lancers mi lourds, de taille 5500 à 8000. L’avantage étant qu’ils sont équipés de bobines avec une grande capacité de contenance, n’oublions pas que nous pourrons pêcher dans des fonds assez importants. Mais surtout une mécanique capable d’encaisser le poids et les coups de tête rageurs du bestiau.
Moulinet PENN Pursuit II 
Une seule chose sur laquelle il vous faudra être attentif, le frein, un bon frein de 7kg est un minimum pour commencer sur des petites épaves ou prés des structures encore prés de la côte.

En ce qui concerne la garniture, on choisira un bon nylon de gros diamètre, une préférence pour du 45/°° auquel on ajoutera un bas de ligne en fluorocarbone de 2m en 80/°° minimum. Le bas de ligne en fluoro permet de pêcher en confiance sur une zone encombrée et surtout, résistera aux dents acérées d’un gros pépère sortant de sa cache.


Nylon Okuma Sub-Sea parfait pour le congre


Nous choisirons de préparer un montage stewart pour bien présenter notre appât, nous monterons deux hameçons circle hook de grande taille et de fort de fer. Une taille 6 ou 7/0 en hameçon terminal et un 3/0 ou 4/0 en baladeur sur l’empile sont les tailles idéales pour escher une sardine, un filet de maquereau ou un hareng sur la ligne. Une fois l’esche boëttée, peau vers l’extérieure, sur l’empile et les deux hameçons, il faudra la ligaturer au fil élastique à ligature. Cela maintiendra votre appât en place et nous évitera de se faire dépouiller le montage par les crabes. Si nous avons trop de ratés, de décroches ou casses, nous passerons sur un bas de ligne spécial congre en acier ou titane tressé, résistant et de puissance 30 ou 50Lbs. Les touches se concrétiseront plus régulièrement.



Sur des zones moins encombrées, où nous prospecterons aux abords de têtes rocheuses ou aux alentours d’une épave, nous préférerons prospecter aux leurres. Dans ce cas, nous choisirons aussi une canne puissante, mais en casting. Ce choix se justifie par une maitrise des leurres plus aisée. Elle aura pratiquement les mêmes caractéristiques que la canne spinning, soit une canne de 2.10m à 2.40m et d’une puissance pouvant soutenir jusqu’à 250Gr.

Pour le moulinet casting, nous ferons, là aussi, dans du solide et basique avec un bon frein. En général, les moulinets casting mer (SW) sont pourvus de bobine pouvant accueillir au moins 300m de tresse en 28/°°. 
Moulinet OKUMA CORTEZ

La tresse, se sera d’ailleurs notre choix sur cet ensemble. Il ne sera que plus facile de détecter les touches de notre adversaire du jour sur nos leurres. 
Tresse Daïwa 8 Brins Accudepth
Sur cet ensemble, nous terminerons notre bas de ligne par une longueur d’environ 1.50m de 80/°° en fluorocarbone, que nous terminerons par un gros anneau brisé qui sera enfilé dans une boucle doublée et sertie avec des sleeves. Ainsi, nous accrocherons nos leurres en passant l’anneau brisé dans l’œillet de la tête plombée du leurre utilisé.
ASSO Shock Leader Fluorocarbone 


Techniques de pêche :Pêche au mouillage :
La recherche spécifique du congre sur épave nécessite un positionnement parfait du bateau. A l’échosondeur, nous rechercherons une fracture dans la structure, où bien les différents éléments détachés l’entourant, tout en déterminant les pourtours de l’ensemble. Puis, nous rechercherons les détections de poissons fourrage, pour pouvoir placer notre appât au plus prés de l’épave et de ces bancs de poissons. Lorsque la dérive est très faible voir nulle, il n’est pas nécessaire de mouiller, mais une pêche sans dérive est plus efficace pour cibler cette espèce, contrairement à la recherche des autres carnassiers tels que les lieus jaunes, les bars, les maigres ou la pêche en dérivant sera plus efficace. 

congre aux appâts
Une fois le bateau en position au dessus de l’épave, la proue face au courant, nous pêcherons à l’arrière du bateau. Voici une technique simple et efficace afin de dénicher des gros congres ; une simple tête plombée ronde et lourde, entre 100 et 150gr, avec un hameçon fort de fer en 5/0 ou 6/0, reliée à du fluorocarbone en 80/°° par un gros anneau brisé et eschée d’une sardine ou d’un filet de maquereau. L’utilisation d’acier n’est pas nécessaire, il suffit de contrôler régulièrement son fluoro après chaque poisson et de le changer si nécessaire. On descend son appât sur l’épave, puis on le décolle du sol d’environ 1m et l’on a plus qu’à patienter. Généralement la touche ne tarde pas si le bateau est bien positionné, et certains jours les poissons peuvent s’enchainer très rapidement. Grâce à cette technique, le poisson est piqué en bordure de bouche, le ferrage se produisant à la touche. Il est alors rare que le poisson engame et soit condamné, d’ailleurs, il est bien plus facile de le décrocher dans l’eau si l’on ne veut pas le monter à bord.
hameçon MUSTAD 92553S 
Hameçon MUSTAD Demon Circle 39952BL 

Bas de ligne Titanium IODA

Pêche en dérive
Lorsque les conditions sont bonnes, à savoir peu de vent et de houle avec une dérive assez faible, la pêche en dérivant va permettre de capturer de nombreuses espèces. En fait, tous les carnassiers présents sur les épaves. Il va falloir faire un ou deux passages au dessus de l’épave à vide, histoire de bien imprimer la vitesse de dérive et le tracé de déplacement du bateau, pour passer au plus prés de l’épave sans s’y accrocher ! Là est toute la subtilité de cette pêche dérivante. Ma technique favorite est la pêche à l’Inchiku, ce dernier est très efficace sur tous les carnassiers y compris les congres qui, certains jours, sont très réactifs à ces leurres. L’animation se résumera à déposer le leurre au sol, le relever légèrement en passant à un 1 ou 2 m de l’épave, que se soit à coté ou au dessus. Un petit plus que j’affectionne avec cette pêche c’est de rajouter une ou 2 lanières de calamars sur les assists hooks du leurre. Un plus qui fait vraiment la différence les jours difficiles. Cette technique est redoutable pour les lieus jaunes, saint pierre maigres avec des variantes concernant l’animation. Mais pour moi une règle d’or est d’animer le leurre très lentement du fond jusqu’à 15/20m au dessus de l’épave. Et gare à la remontée ! Il n’est pas rare de se faire stopper par un gros lieu jaune lorsque l’on relève sa ligne pour se replacer. Le poisson ne se situe pas forcément sur les épaves ! Il est donc important de faire des dérives longues et de dépasser la structure, il n’est pas rare d’attraper un Saint Pierre ou de tomber sur un banc de gros lieus à 50 voir 100m de l’épave, voir de maigres.
AUTAIN JIG WRECK 150gr
La pêche du congre peut également s’effectuer avec deux autres techniques, la première consiste de pêcher avec des leurres souples de forme longiligne (slugs), souvent des imitations d’anguille ou gros lançons. Il ne faudra pas hésiter à prendre des leurres chargés d’attractants, souvent aux parfums de sardines, anchois ou encore d’attractants spécifiques aux phéromones. L’animation reste tout aussi simpliste que précédemment, nous plomberons lourdement nos leurres pour les faire gratter au fond, et de temps en temps, nous les décollerons de quelles centimètres jusqu’à 1 ou 2m, toujours en passant au plus prés de l’épave. Si nous passons sur la structure, nous ferons évoluer nos leurres justes au dessus, à environ 1 ou 2 m. Nous pourrons remplacer les leurres de types slugs, par des shads à grosse caudale, très vibrante, là aussi, très chargé en attractants, mais aux couleurs plus flashy comme l’orange ou les jaunes fluo. Quand à l’animation, se sera la même, nous ferons gratter doucement le leurre, entrecoupée de tractions longues. Si les têtes plombées normales ne répondent pas à nos attentes, nous les remplacerons par une monture Tenya, ou encore une tête de type fireball de gros grammage.
HART ABSOLUT SHAD
Pour la dernière technique, nous allons choisir de pêcher avec des jigs mi lourds, entre 100 et 200gr, plutôt trapus et asymétriques. Ces leurres auront la spécificité de nous obliger à pêcher lentement, et en faisant des animations en traction longues et en les accompagnants à la redescente. Idem, nous pêcherons au plus prés de la zone de prédilection. Attention, la touche peut être brutale et, souvent, à la retombée vers le sol. La sanction doit être immédiate.

Choix des leurres 
Comme vous l’avez compris l’Inchiku est pour moi LE leurre à épave efficace aussi bien sur les congres que les lieus jaunes, les bars, les maigres… et cela surtout lorsque c’est la période des céphalopodes.
INCHIKU SMITH
Si lors d’une partie de pêche vous avez oubliez ce type de leurre, un octopus sur les assits hooks de vos jigs est aussi très efficace ! Le poids du leurre est à définir en fonction de la dérive, comme pour toutes les pêche le grammage doit être le plus faible possible, mais tout de même assez conséquents pour atteindre le fond et pêcher le plus à la verticale possible. 
Certaines fois l’utilisation de petits leurres souples de 8/10cm peut s’avérer être redoutable sur de gros lieus jaunes mais également bars et maigres. Il faut donc être prêt et avoir un panel de leurres assez conséquents.
Concernant la couleur, j’affectionne particulièrement les couleurs vives, orange, vert et rouge sont, pour moi, de très bonne couleurs mais attention à ne pas négliger les couleurs naturels certains jours !
ULTIMATE TP BOURREPIF

La touche et le combat :
Lorsque nous pêchons sur épave, nous ne savons pas trop sur quel poisson nous allons tomber, même si les techniques employées et citées précédemment vont quand même limiter les surprises. Mais il faut s’attendre à tout ! Le congre ne fait pas forcément de grosse touche fracassante, mais plutôt lourde et puissante, suivie d’un grand rush, car lorsqu’il est ferré, cet adversaire très puissant va tout faire pour regagner son « trou ». Il nous faudra absolument le brider et parfois très fortement car de nombreux poissons sont perdus les premières fois, surtout les gros, qui surprennent et ne tardent pas à regagner leur élément.

TOUCHE ET COMBAT! 

CEST DU LOURD !!!!
Le lieu jaune lui fait également un très gros rush puissant afin de regagner l’épave, le début du combat se fait tout de même moins en force, il faut contrôler le départ du poisson mais ne pas trop « brider » sans quoi le poisson se décrochera à coup sur. Les poissons pris à la remontée du leurre ne préviennent généralement pas par une petite tape, ils prennent le leurre brutalement et partent vers le fond, mieux vaut bien tenir sa canne !

Quand aux maigres, la touche ressemble plus à un gros toc, qui n’est autre qu’une aspiration du leurre dans sa grande gueule. En effet, pour attraper ses proies, lorsqu’il chasse sur le fond, il ouvre en grand la gueule pour créer une dépression qui fait entrer beaucoup d’eau vers son gosier, et ce courant puissant entraine avec lui les proies convoitées par le prédateur. L’eau sera évacuée par les branchies, tandis que les proies se retrouvent prisonnières de sa bouche.

Le ferrage se fait dans la foulée, amplement, pas de ferrage sec, qui n’aurait pour conséquence que d’enlever le leurre de la gueule du maigre. Suite au ferrage, le poisson mettra de grands coups de tête pour se défaire de l’emprise de l’hameçon, suivi de rushs assez puissants. Une fois fatigué, un poisson de taille moyenne, entre 7 et 10Kg, remontera sans trop de difficultés, toutefois, attention au dernier rush avant la mise dans l’épuisette.

Quand au congre, attention à vos doigts, la mâchoire puissante de ce prédateur est difficile a desserrée lorsque l’on est sous son emprise. De plus, il nous faudra désinfecter rapidement la plaie, ce poisson étant un charognard à ses heures, il pourrait vous infecter la plaie de bactéries.
UN JOLI CONGRE D'EPAVE
TAILLE DE TÊTE IMPRESSIONNANTE

Quelques conseils d’utilisations
La pêche avec le CHIKU-CHIKU s’effectue en dérive, dans la tranche des 5 mètres au dessus du fond. Plus la dérive est importante, plus l’animation imprimée au leurre sera lente.

Quelques tirées saccadées ponctuées de longs temps de pose (+ de 2 secondes) suffisent sur une dérive. Il est important qu’entre chaque animation le leurre redescende toucher le fond tout en prenant soin de garder le contact. Cette animation est efficace pour les poissons du type : Lieus, maigres, pagres, bonites, grandes vives et rouget grondin.
En fin de dérive, la remontée du CHIKU-CHIKU au bateau peut elle aussi être ponctuée des 2 animations suivantes :
Long Slide : Tirée ample, récupération rapide de la bannière et temps de pose d’environ une seconde.
Short Jerk : Tirées courtes et sèches lors d’une récupération rapide entrecoupées de quelques temps d’arrêt d’une à deux secondes.
Ces deux types d’animation sont destinés aux poissons pélagiques. Attention aux surprises… !
Je vous accorde que la pêche du congre en elle-même n’est pas des plus passionnantes, de par sa technicité. Mais une chose est sûre, quand nous sommes aux prises avec un poisson de plus du mètre et au poids imposant, qui se tortille dans tous les sens, en cherchant le fond, il n’est pas rare d’avoir une belle montée d’adrénaline.
Alors, pour sortir des sentiers battus et lorsque certaines espèces sont en reproduction, ou absentes de nos côtes, laissons nous aller à tenter le congre. Cela nous permet aussi, de rester en contact avec notre passion, même lors de périodes froides.

Jérémy Dupin

un gros congre sur épave
Je tiens à remercier de leurs participations à cet article; qui devait paraître dans un magazine !

Merci à :

Jéremy DUPIN, moniteur Guide de Pêche à Arcachon
MASTA'FISH

Sébastien Gas Moniteur Guide de Pêche (Merci pour les photos)
OUT-RAGE

Et aussi Fabien Robert

Des dauphins dans le bassin d'Arcachon

Salut à toutes et tous
Le 27 Décembre avec mes potos Ludo et Christophe nous sortons en mer, au départ d'Arcachon et direction le large ! Nous nous rendons sur une épave du large pour tenter le lieu ! Malheureusement, ce sera une journée sans poissons, à part quelques tacauds et après avoir laissés quelques décorations de noël sur l'épave, nous nous décidons à rentrer dans le bassin pour taquiner les calamars et les dernières grosses seiches ! En faisant route, nous rencontrons des dauphins joueurs !
Deux vidéos pour vous !



Bises les amis et bonnes fêtes !
Halieutiquement
Jérôme